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ÉCORNER JEUNE POUR PLUS D'EFFICACITÉ ET DE SIMPLICITÉ

Un cercle blanc complet indique qu'il n'y a pas de vaisseaux sanguins persistants pouvant conduire à une repousse.

Force est de constater que l'écornage est souvent vécu comme une corvée qu'on tente de reculer au maximum. Or, des petits aménagements peuvent en rendre la pratique efficace et facile, à condition d'intervenir précocement et avec méthode.

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LA PRATIQUE DE L'ÉCORNAGE, LARGEMENT RÉPANDUE, a pour objectif de sécuriser l'élevage. En effet, les animaux peuvent coincer leurs cornes dans les cornadis et se pendre. L'écornage évite également que les vaches ne se blessent entre elles avec leurs cornes, notamment lors d'introduction ou de mélange. C'est aussi un moyen d'empêcher des fractures de cornes au cornadis ou lors de transport.

De plus, l'augmentation de la taille des troupeaux et la baisse de la main-d'oeuvre dans les élevages peuvent rendre la manipulation de bovins non écornés difficile et dangereuse. Une bête donnant un coup de tête sans cornes est déjà douloureux. Avec cornes, cela devient dangereux.

Un bon écornage peut être qualifié d'efficace, de facile et sans douleur. L'efficacité se traduit par une corne qui ne pousse pas. La facilité par une pénibilité limitée pour l'intervenant. L'absence de douleur comprend celle du veau et celle de l'éleveur qui, souvent, rechigne à écorner parce qu'il sait que le veau souffre.

« Le choix de la méthode d'écornage n'a pas d'impact sur son efficacité tant qu'elle est bien mise en application, souligne Dominique Lamour, technicien au GDS de l'Orne. Toutes les méthodes sont bonnes. Il faut choisir celle qui est la mieux adaptée à son élevage. »

UNE OPÉRATION À RÉALISER AVANT LES DEUX MOIS DU VEAU

L'écornage consiste à couper le cuir autour des cornillons afin de couper l'afflux sanguin. Après un écornage thermique, l'éleveur doit s'assurer que les tissus sont brûlés sur l'ensemble de l'anneau de cautérisation. Un cercle blanc et continu doit être visible au fond de l'anneau (notre photo en bas). Dans le cas contraire, il y a un risque important de pousse de rudiment de corne. Il n'est pas nécessaire d'arracher l'anneau de cautérisation.

Pendant dix jours après un écornage, il faut également contrôler l'absence de saignements, de douleur, d'infection et d'attaques de mouches. « Normalement, la plaie ne doit pas suppurer », signale Joseph Maissin, vétérinaire à Lonlay-L'Abbaye (Orne).

Jusqu'à deux mois d'âge environ, le bourgeon cornual - qui formera plus tard la corne - n'est pas encore fusionné au crâne. L'arrêt de la circulation sanguine à sa base suffit à empêcher la pousse de la corne. L'écornage précoce est en réalité un ébourgeonnage. Cette opération est peu invasive avec un risque d'hémorragie et d'infection limité. En revanche, une fois fusionné aux os du crâne, cette extension osseuse communique avec le sinus frontal. Un écornage à cet âge augmente considérablement le risque d'infections, d'hémorragie et d'ouverture du sinus.

« La prim'holstein est précoce dans la pousse du bourgeon, souligne Joseph Maissin. Il faut donc encore moins attendre avec cette race. » De plus, un écornage tardif augmente le risque de ne pas retirer tous les tissus permettant la formation de la corne (avortons de corne). Celle-ci peut alors continuer sa croissance. Selon la réglementation européenne (recommandations du Comité de la convention européenne du 21 octobre 1988, article 17), l'écornage sur des animaux de plus de quatre semaines doit obligatoirement être effectué sous anesthésie locale ou générale par un vétérinaire ou toute autre personne qualifiée.

PRENDRE EN CHARGE LA DOULEUR

En élevage biologique, la prise en charge de la douleur est obligatoire quel que soit l'âge.

Du côté pratique, plus un veau est jeune et plus il est facile à contenir. De plus, si la sédation et/ou les anti-inflammatoires sont utilisés, leur coût étant proportionnel au poids de l'animal, il est économiquement plus avantageux d'écorner sur des petits animaux.

« Même si avant quatre semaines d'âge, la réglementation considère que la douleur est acceptable, elle existe, précise Joseph Maissin. Il faut la prendre en considération. Les jeunes veaux ont un système nerveux développé et peuvent donc ressentir la douleur. Le bourgeon cornual est vascularisé et innervé. Il faut cautériser les vaisseaux sanguins et prendre en charge la douleur quel que soit l'âge du veau. »

L'inflammation provoquée par une brûlure, une blessure ou une infection se traduit par une rougeur, un gonflement ou un oedème, de la chaleur et de la douleur. Celle-ci se décompose en deux phases. Dans un premier temps, un pic a lieu lors de la brûlure. Il est provoqué par le stress et la lésion. Puis, jusqu'à neuf heures après l'écornage, un plateau de douleur subsiste du fait de l'inflammation des tissus. Chaque animal a une sensibilité différente à la douleur. Celui qui a mal pendant l'écornage se débat, secoue la tête, meugle, tombe à terre et se cabre. Une fois écorné, un veau secouant la tête et les oreilles, se grattant, se toilettant frénétiquement, se couchant moins longtemps est un animal qui souffre.

La prise en charge de la douleur commence par une bonne contention afin de réaliser un geste précis, efficace et limité dans le temps. Le refroidissement de la brûlure par une bombe antiseptique participe à l'atténuation de la douleur.

Ces actions simples peuvent être complétées par une prise en charge médicamenteuse. Celle-ci limite le stress et la douleur de l'écornage.

La sédation relâche les muscles du veau tout en diminuant la douleur. Elle permet d'intervenir seul et sans contention en toute sécurité. « Pendant une heure, le veau devient une poupée de chiffon, résume Joseph Maissin. L'écornage s'effectue dans le calme. » L'injection de xylazine se fait par voie intramusculaire (0,5 ml pour 100 kg de poids vif), dose niveau II, soit environ 1 € /veau.

Une anesthésie locale du nerf qui innerve le bourgeon cornual coupe l'influx nerveux douloureux du fait de l'écornage. L'injection de 5 ml de procaïne par corne se fait avec une contention parfaite quinze minutes avant l'écornage. Cette injection sous cutanée à mi-distance de l'oeil et de la corne n'est réalisée que par une personne formée. Les éleveurs peuvent l'être lors de formations de leur GDS ou autre institut. Ce traitement coûte environ 1,50 €/veau.

LES AINS RECOMMANDÉS

Les anti-inflammatoires limitent la réaction causée par la brûlure. L'injection de meloxicam (2,5 ml pour 100 kg de poids vif) est réalisée par voie sous-cutanée dans l'encolure du veau. Son action commence vingt minutes après l'injection et dure 48 à 72 heures. Elle est recommandée pour faire face à l'action retard de la pâte caustique. Cette injection coûte entre 1,20 et 1,50 €/veau.

EMILIE AUVRAY

Au cornadis un système d'anneau et de cordage permet de maintenir la tête du veau en place. Simple à installer, peu coûteux (environ 60 €) et facile à transporter, cet équipement permet d'écorner seul. Les mouvements du veau sont limités mais pas totalement empêchés.

La contention chimique doit se faire dans le calme car le stress limite l'action du produit. Un jeûne de 4 heures avant et après l'injection est fortement conseillé, notamment pour les veaux laitiers afin de diminuer le risque d'étouffement. L'injection peut se faire à l'intérieur de la case individuelle. Cependant, cette contention imparfaite réclame deux opérateurs et est difficilement applicable pour l'écornage thermique. Dans ce cas, la sédation est nécessaire.

Une cage à écorner bloque correctement la tête du veau permettant ainsi de réaliser un écornage seul. Il existe des modèles de petites dimensions adaptés aux veaux de moins de quatre semaines, facilement transportables (25 kg) et peu coûteux (environ 400 €). Cependant, il est nécessaire de porter le veau pour le transférer vers la cage.

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